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18 mars 2025Rose Bouvier

Dans quelle mesure le transport des matériaux de construction a-t-il un impact sur l’ACV globale ?

Performances environnementales des bâtiments et des matériaux

Réduire l'empreinte carbone des bâtiments est essentiel pour contribuer à la décarbonation du secteur de la construction, responsable d'environ 37 % des émissions mondiales de CO2. Les analyses de cycle de vie (ACV) des bâtiments permettent d'évaluer leurs impacts environnementaux depuis l'extraction des matières premières jusqu'à leur traitement en fin de vie, en incluant plusieurs étapes de transport. Ce dernier, également à l'origine d’émissions de GES, pourrait constituer un levier intéressant pour décarboner les bâtiments. Dans quelle mesure le transport des matériaux de construction a-t-il un impact sur l’ACV globale ?

La prise en compte du transport des matériaux de construction dans les ACV

Le transport des matières premières, des éléments manufacturés jusqu’au chantier, ainsi que lors des phases de réparation, remplacement, démolition et fin de vie, est intégré dans les ACV. Ces étapes nécessitent des hypothèses sur les distances et modes de transport, influençant parfois les résultats des ACV. 

Les distances varient selon le mode constructif, qui peut multiplier les étapes de transport, et le contexte géographique, qui peut aussi imposer certains modes (ex. : maritime). Les émissions dépendent également du vecteur énergétique utilisé. Au Canada, les données par « tonne.km » ne sont pas disponibles, mais la base Empreinte de l’ADEME (Agence de la transition écologique en France) fournit des valeurs indicatives selon le type de transport de marchandises et le gabarit. En Amérique du Nord, le transport ferroviaire est environ 2,8 fois moins impactant que le transport en camion (3.85E-02 kg eq CO2/ t*km contre 0,107 kg eq.CO2/t*km, comprenant : parc, utilisation et infrastructure). Le transport fluvial a quant à lui un impact environ 2 fois plus important que celui du ferroviaire. 

En tenant compte des phases A1 à A5 du cycle de vie d’un bâtiment, qui couvrent l’extraction, le transport des matières premières, la fabrication des matériaux, leur transport vers le chantier et la construction du bâtiment, plusieurs études ont montré que l’impact lié au transport des matériaux (phase A2 pour le transport des matières premières et phase A4 pour le transport des matériaux vers le chantier) peut représenter entre 5 et 20 % de l’impact climatique total de ce bâtiment. Cette proportion varie en fonction des distances parcourues, des modes de transport utilisés ainsi que du volume et du poids des matériaux transportés.

L'optimisation du transport, un levier pour minimiser les impacts environnementaux des bâtiments.

Limiter les kilomètres parcourus, en priorisant les matériaux locaux, est le principal levier pour réduire les émissions liées au transport. Plus léger et souvent transformé localement, le bois nécessite moins de transport, alors que par exemple l’acier dépend de matières premières importées qui impliquent de longs trajets et donc plus d’émissions. De plus, il est possible de réduire les flux de transport en optimisant les trajets (réduction des transports à vide, mutualisation des livraisons, amélioration des chargements). Le report modal, par exemple, permet d’optimiser les flux à l’échelle territoriale et de favoriser des modes écologiques. Ces derniers doivent être choisis au regard de l’ensemble des impacts environnementaux du transport (pollution de l’air, de l’eau, fragmentation des habitats, etc.), au-delà du seul impact climatique. La décarbonation des carburants et l’amélioration des motorisations sont aussi des leviers clés.