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18 février 2025Studio Carbone

Dans quelle mesure doit-on réfléchir à la déconstruction quand on construit en neuf ?

Performances environnementales des bâtiments et des matériaux

Le développement de l'économie circulaire, notamment via le réemploi, permet de concevoir ou de rénover des bâtiments de manière plus responsable. Les bâtiments en fin de vie doivent désormais être envisagés comme des banques de ressources réemployables ou réutilisables pour d'autres projets. Dès lors, la question se pose : Dans quelle mesure doit-on réfléchir à la déconstruction quand on construit en neuf ?

Pourquoi anticiper la déconstruction dès la phase de conception ?

La mise en œuvre du réemploi des éléments issus de la déconstruction est confrontée à des enjeux techniques et juridiques. En effet, il reste souvent difficile de garantir l’intégrité des propriétés techniques des éléments réemployés, et nombreux sont ceux qui nécessitent l’avis d’un professionnel qualifié. Au-delà de ces obstacles, la réalité du terrain montre que la dépose sélective, étape déterminante pour la valorisation des matériaux, demeure souvent complexe. Certains éléments, bien que paraissant être en bon état et présentant un potentiel de réemploi ou de réutilisation intéressants, sont difficiles à démonter proprement en raison de leur mode de fixation ou d’assemblage. Par exemple, dans le cas de cadres de portes scellés dans du béton, uniquement le panneau de porte pourra être récupéré. Ces contraintes de dépose peuvent entraîner des dommages sur les éléments ou rendre l’opération trop complexe et coûteuse, écartant ainsi la piste du réemploi. Il semble donc crucial de réfléchir à la déconstruction du bâtiment dès la phase de conception pour faciliter cette étape délicate. 

Faire évoluer les pratiques pour faciliter cette déconstruction

L’anticipation de la déconstruction se traduit par des choix de conception orientés vers la réversibilité des matériaux et des structures. Plusieurs pratiques peuvent être mises en place comme par exemple : 

  • Choisir des matériaux résistants, favoriser les matériaux bruts et éviter les composites non séparables. 
  • Privilégier des assemblages secs et des connecteurs mécaniques robustes qui supportent plusieurs cycles de montage/démontage, plutôt que des colles ou mortier. Par exemple, poser des pavés sur du sable plutôt qu’avec un mortier facilitera leur récupération. 
  • Réduire au maximum le nombre d’assemblage et rendre ces éléments accessibles et visibles.  

D’autre part, elle demande une collaboration des différents acteurs du projet et une main d’œuvre qualifiée. Il est important d’impliquer les futurs déconstructeurs dès la conception et de sensibiliser tous les corps de métier au réemploi. Un suivi rigoureux du projet est également indispensable et serait facilité par la conservation des plans tel que construit (as-built drawings) et l’intégration d’autres outils tels que le BIM pour assurer la traçabilité des matériaux et la localisation des éléments d’assemblages.   

Cette réflexion sur la déconstruction se manifeste ainsi par une approche systémique, combinant innovation technique, collaboration des acteurs et évolution des pratiques de conception pour anticiper et faciliter un réemploi ultérieur.