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Utilisé depuis près de 30 ans comme une des réponses aux enjeux climatiques, le mécanisme de la compensation carbone divise. Il est présenté d'une part comme un outil capable de contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone. D'autre part, il est perçu comme un simple transfert de responsabilité, détourné au profit d’un apaisement des consciences plus que d’une réelle action climatique. Dans quelle mesure la compensation carbone est-elle pertinente au regard de ses co-bénéfices, mais aussi de ses dérives potentielles ?
La compensation carbone repose sur l’idée que les émissions de gaz à effet de serre (GES) produisent le même effet sur le climat peu importe leur lieu d’émission. Elle permet à un acteur (entreprise, collectivité ou individu) de financer des projets de réduction ou de séquestration de GES, en échange de crédits carbone représentant une quantité donnée de CO₂ évitée ou capturée. Ce mécanisme peut être volontaire ou réglementaire, selon les pays et les obligations climatiques en vigueur. Il est encadré au Canada par des cadres provinciaux et fédéraux distincts.
Les projets financés sont variés : développement des énergies renouvelables, reforestation, préservation des forêts, efficacité énergétique, ou encore réduction de gaz industriels. En plus de leur impact climatique, ces projets peuvent générer des co-bénéfices sociaux, économiques ou environnementaux, tels que l’accès à l’énergie, la création d’emplois ou la préservation de la biodiversité.
Malgré son potentiel, la compensation carbone est fortement critiquée. De nombreuses entreprises l’utilisent comme principal levier de leur stratégie climatique, et font du greenwashing sans faire évoluer leurs pratiques. Elles détournent ce mécanisme de son objectif et retardent les changements nécessaires, y compris chez les consommateurs.
S’ajoutent des limites de fonctionnement : manque de contrôle ou projets inefficaces, voire contre-productifs. Une enquête de The Guardian, Die Zeit et SourceMaterial a démontré que 94 % des crédits « REDD+ » (délivrés par le plus grand label mondial), auraient été attribués à des projets n’ayant aucun bénéfice climatique.
Les projets forestiers doivent être fortement encadrés, car le stockage par les arbres prend des décennies alors que la réduction des émissions doit être immédiate. C’est un des rôles clés du ministère des Forêt, de la Faune et des Parcs du Québec.
Ainsi, bien que la compensation carbone puisse générer des co-bénéfices intéressants, elle ne doit pas se substituer à la réduction des émissions de GES à la source ni freiner l’évolution des pratiques vers la sobriété carbone. Son encadrement doit évoluer pour garantir son efficacité. L’ADEME (Agence de la transition écologique française) la préconise en dernier recours : « éviter-réduire-compenser ». Dans cette optique, certains considèrent la « compensation » d’avantage comme une « contribution » au développement de projets durables.